Au secours : la famine arrive !
La Fao vient de lancer un appel pour fournir engrais, semences et autres intrants aux pays à faible revenu et à déficit vivrier. C'est le cas du Cameroun où les paysans n'ont pas pu fertiliser leurs champs comme d'habitude, le prix des engrais ayant triplé. Des experts projettent une baisse de production d’environ 50% cette année.
Pas assez d’argent pour les engrais chimiques
“À cette même période, l’année dernière [avril-mai 2007, ndlr], les paysans avaient 60 tonnes d’engrais chimique, acquises par achat groupé, stockées dans ce magasin. Aujourd’hui, nous avons zéro tonne ! ” Joignant le geste à la parole, Samuel Katcho, agronome et délégué d’arrondissement du ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) à Batcham dans la province de l’Ouest, ouvre la porte de l'entrepôt, balaie l'intérieur du regard et lâche : “ Vous voyez, c’est vide ! ” Ce local avait pourtant été aménagé depuis le mois de mars 2008 pour stocker, comme d’habitude, les engrais achetés par les Groupes d’initiative commune (Gic) de la localité. Jusqu'à présent, les planteurs, qui pratiquent tous la polyculture vivrière (maïs, haricot, arachide, tubercules, etc.) n’ont pas eu assez d’argent pour renouveler le stock d'engrais chimique nécessaire pour la campagne en cours : le prix a triplé entre novembre 2007 et mai 2008. Le sac de 50 kg est ainsi passé de 9.000 à 24.000 Fcfa sur le marché local, en l’espace de six mois. Les fournisseurs locaux disent n'y être pour rien. “ Cette hausse s'explique par la montée des prix mondiaux en raison du coût du pétrole qui explose en entraînant les autres produits ”, explique Hubert Mongoé, technicien chez un fabricant d'engrais à Douala. Elle est également causée par une forte demande des pays émergents d’Asie.
Les fertilisants naturels de plus en plus rares
Le fumier d'élevage serait une bonne solution de rechange. Mais, les fientes sont tout aussi rares car, en novembre 2007, les pestes porcine et aviaire ont ravagé l’essentiel des porcs et des poules dans la région. Reste la solution du compost de déchets des récoltes, fabriqué et vendu par quelques personnes qui en maîtrisent la technique. Les agriculteurs se sont rués dessus, faisant ainsi grimper son prix de 2 500 Fcfa le sac en décembre 2007, à 6 500 Fcfa en mai 2008. En raison de ces hausses, la majorité des plantations n'ont donc reçu ni engrais, ni compost en quantité suffisante au cours de cette campagne agricole. Résultat, dans les champs comme ceux qui jouxtent les bureaux de la délégation du Minader à Batcham, les plantes s'atrophient. Dans la plupart des plantations, les tiges de maïs sont maigres et les feuilles jaunissent par endroits. Pour Olivier Nguemo, cultivateur, cela augure de mauvaises récoltes. “ Je vois la famine venir ”, se désole-t-il. “ Les récoltes vont baisser d’environ 50 % cette année ”, prédit Samuel Katcho. L’agronome a saisi les autorités de sa circonscription administrative en avril dernier pour les informer de ses prévisions. Si elles se confirment, la crise alimentaire que traverse le Cameroun en ce moment va s’accentuer. Les denrées produites localement vont coûter plus cher. De même, la dépendance envers l’extérieur va s’accroître, et les facilités concédées par le gouvernement à l’importation ne pourront plus influer de façon significative sur les prix.
dimarts, 17 de juny del 2008
Llegit a Le messager i amb repercusions
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