dijous, 8 de maig del 2008

Planète terre

La saison des cyclones démarre absolument en trombe dans le bassin de l’Océan Indien. Les Birmans sous junte pleurent leurs morts et comptent leurs disparus pour lesquels il s’avérera d’ailleurs bientôt que la plupart ont étés de fait rayés du stock des vivants. Ensevelis sous des tonnes de boue ou alors emportés par les eaux. Comme partout au monde où une telle apocalypse s’est un jour mauvais abattue, les survivants qui errent aujourd’hui comme des spectres, hagards, parmi les débris de la dévastation, en attendant une assistance qui peut mettre un certain temps à arriver, se souviendront pour sûr très longtemps de l’événement Nargis. Cette traumatisante furie naturelle qu’est le passage d’un cyclone tropical ne s’efface pas si facilement d’une mémoire. Comme on efface nonchalamment au chiffon une phrase de craie écrite sur un tableau noir. Ça laisse bien des séquelles. Et encore, ce n’est pas tout. Il faut d’ores et déjà considérer que certains même, parmi ces survivants à Nargis chanceux, y perdront probablement la saine raison. Pour avoir vu en quelques tragiques minutes, sans qu’ils puissent faire quoi que ce soit, périr toute leur famille. Des minutes de fin du monde.Lourd tributLes Birmans qui ont déjà pas mal maille à partir avec une grande pauvreté n’avaient pas besoin de Nargis en plus comme fardeau pour trouver que la vie est cruelle parfois. Sans parler des cyniques galonnés de la junte militaire qui écrase toute velléité de contestation depuis 1962 dans le sang. Lesquels se fichent comme de leur première culotte des objections éthiques que les esprits occidentaux éclairés par la démocratie leur font par intermittence. Enfermés à double, voire triple tour dans une formidable intransigeance politique, ils font passer les autocrates subsahariens pour de sympathiques personnages. La Namibie non plus n’avait pas besoin des inondations qui ont fait sortir le Zambèze de son lit il y a quelques semaines au grand dam de ses riverains. Aux portes d’un des plus brûlants déserts de la planète, elle partage avec le Myanmar la triste condition de pays très pauvre. Pour les portefeuilles bien garnis, la Namibie demeure néanmoins une contrée courue de safaris et où les couchers de soleil sont bouleversants. Une destination touristique africaine très prisée. Certes, on est loin dans ce cas du million de sans abri du Myanmar et du bilan en vies humaines autant que matériel. La similitude est ailleurs.Quand bien même l’imprévisibilité resterait maîtresse de la réalité, on sait aujourd’hui de science certaine que les temps qui viennent sur Terre seront placés sous le signe de cataclysmes survenant plus fréquemment. Et ce sont évidemment les démunis qui vont payer le plus lourd tribut, à l’instar des Namibiens et des Birmans. Ou encore des habitants du Bangladesh qui en savent un rayon en matière de submersion catastrophique de leur pays promis à la disparition du fait de la montée du niveau de l’océan mondial induite par le réchauffement climatique.Des milliards d’hommes, de femmes, et d’enfants qui se trouvent dans l’hémisphère Sud sont concernés par ce futur aussi imminent qu’angoissant, et sur eux pèsent cette énorme épée de Damoclès. Un philosophe contemporain a dit que « le futur est une forme vide du temps » et on peut entendre par cette proposition qu’il s’invente. En mettant dans cette « forme vide » un contenu. Hélas, le futur des pauvres actuels est sans mystère à l’aune du turbo-capitalisme qui sera de plus en plus cannibale. La déflagration alimentaire qui se propage sur la planète depuis quelques mois en est l’expression la plus tangible et indique à souhait que le processus de globalisation marchande est désormais bouclé.Jusqu’où ?A cet égard, le serpent du néolibéralisme ne fait pas moins que se mordre la queue. La sphère financière est en pleine déroute, l’air de rien. Dans cet univers sans scrupules, où des cerveaux affûtés par l’appât du gain et plus parient sur les risques liés à la liquidité, ou alors se couvrent contre, moyennant des instruments financiers sophistiqués, sur le mode plus c’est risqué, plus le rendement des opérations est élevé, des enseignes prestigieuses boivent la tasse après débouclages des positions prises ici et là. Si les banques centrales européennes et américaines n’avaient pas injecté massivement de l’argent dans les circuits, ce serait la catastrophe depuis belle lurette. Soit près de 1000 milliards d’euros pour éviter que le système s’effondre comme en 1929.Jusqu’où donc ira cette déraison immonde des thuriféraires du Dieu Profit ? Tous les Terriens et toutes les Terriennes ayant encore quelque lucidité à leur crédit mental et à faire valoir doivent impérativement se poser la question aujourd’hui. Toutes affaires cessantes. Monétariste pur et dur, Mr Jean Claude Trichet, président de la BCE, n’a d’yeux que sur le baromètre de l’inflation. Son collègue de la Fed aux Etats-Unis, lui, a la prunelle plutôt rivée sur le cours du dollar qu’il laisse glisser quand cela convient à l’économie américaine. Et tous les spéculateurs pas zen pour un sous qui opèrent sur les marchés financiers sont suspendus aux décisions que ces deux personnages centraux prennent sur les taux d’intérêt. Parlez-moi de « main invisible » : c’est une astuce idéologique de fort mauvais goût.Mai 68Et pourtant ce monde qui va si mal est advenu par la grâce de la révolte des jeunes en France en Mai 68. Quarante ans sont passés et les idées généreuses qui ont alors éclos sur les barricades du Quartier Latin ont fait florès. Parmi lesquelles le souci de la Nature. C’est dans ce sillage que s’est tenue à Stockholm en 1972 la première conférence mondiale sur la question environnementale. Il y a comme de l’oxydation dans l’air et une nécessité d’ouvrir de nouvelles fenêtres dans la réalité pour aller vers un possible futur. Pour se tirer de la suffocation ambiante qui suscite du désespoir et de la rancoeur. Un cycle historique touche présentement à son terme. 2008 a été déclarée Année de la Planète Terre par l’UNESCO. Qu’en faisons nous sous nos cieux camerounais ? Personne n’est plus Terrienne et Terrien qu’un ou qu’une autre. Nous avons tous et toutes le droit à une existence décente. Il faut stopper la course folle du capitalisme vers l’abîme.
Par Lionel Manga Le 08-05-2008

Font Le Messager
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